Prison, ma colère! de Michel Niaussat

Prison, ma colère!, de Michel Niaussat

Le scandale des maisons d'arrêt en France

Quatrième de couverture :

Pourquoi un nouveau livre sur la "prison"?

La "colère" de l'auteur se veut dénonciatrice d'abus intolérables au XXIè siècle dans un pays comme la France. Il s'agit du problème spécifique de la maison d'arrêt, lieu "inventé" par le législateur pour permettre, en amont de l'acte de justice, de placer la personne mise en examen dans un espace de rétention où il puisse rester à la disposition de la justice.

En théorie, cela est bon. Mais dans la réalité, qu'en est-il?

Les conditions de vie dans les maisons d'arrêt en France, par la négligence des autorités et l'indifférence populaire, transforment celles-ci en véritables "poubelles" où se trouvent enfermés, pêle-mêle, tous les délinquants, les malades commes les pervers, les assassins comme les innocents, les jeunes comme les vieux, le tout dans une confusion totale et une promiscuité épouvantable à l"intérieur de cellules dont l'atmosphère délétère relève du sordide le plus avilissant...

Le but de ce livre n'est pas de décrire une fois de plus et de façon misérabiliste l'horreur de la prison mais seulement de donner à tous conscience que ces maisons d'arrêt sont la honte du pays des droits de l'homme.

Aumônier de prison pendant vingt ans, Michel Niaussant a été l'un des premiers à avoir dénoncé publiquement, dès 1997, le scandale des conditions d'incarcération dans les maisons d'arrêt en France. Sept ans plus tard, et après deux commissions d'enquête parlementaires, il fait un bilan accablant de la situation actuelle.

Mon avis :

Ce livre date de 2004, il relate un phénomène d'actualité qui n'a cessé d'empirer au cours de ces dernières années.

Le père Michel Niaussat  a exercé son ministère d'aumônier dans des maisons d'arrêt, pendant vingt ans de 1977 à 1997.  En 1997 il adresse une lettre ouverte au ministre de la justice pour dénoncer les conditions de vie indignes des détenus de ces maisons d'arrêt, fruit de ses observations. Elle restera lettre morte...

En écrivant ce livre, sept ans plus tard il dresse le bilan de l'inaction des gouvernements successifs à se conformer aux principes et lois qui régissent notre République en la matière.  Avec du recul, on se rend compte que depuis ce livre pas grand chose n'a changé pour autant, la France a été condamnée par les instances européennes, quelques réhabilitations et constructions se font au compte-gouttes mais le gros du problème reste là.

Il décrit les maisons d'arrêt comme de véritables poubelles humaines, très vétustes et inadaptées. Il dénonce également la confusion commune entre ce type d'établissement et les établissements pour peines.

En effet, les maisons d'arrêt ont la particularité d'accueillir  des prévenus en attente de jugement, les condamnés dont la peine restant à purger est inférieure à un an, mais également les condamnés à de longues peines en attente de transfert dans un établissement pour peine, et chose plus étonnante encore des personnes incarcérées en détention provisoire qui n'ont pas été jugées, théoriquement présumées innocentes, dans l'attente que l'instruction soit clôse et de savoir s'il y aura un procès à leur encontre.

Ainsi des primo-délinquants côtoyent des délinquants sexuels, des délinquants multirécidivistes, gros caids, violeurs, assassins dans des cellules de 9m², où s'entassent en moyenne 4  ou 5 personnes, dans un milieu totalement insalubre, au milieu de la crasse et de la violence quotidienne.  Au-delà des conséquences physiques, il aborde surtout le côté humain, l'impact psychologique engendré par de telles  conditions extrêmes qui broyent les détenus, les éloignent chaque jour un peu plus de la société, de leur entourage.

Il dénonce la puissance de l'administration pénitenciaire, un Etat dans l'Etat, qui minimise les faits, dresse des bilans plutôt positifs, ainsi que les commissions d'enquête parlementaires qui se contentent mollement de constater des dégats, de proposer des solutions sans grande conviction et surtout sans aucun pouvoir d'action.

On ressent la passion du religieux, sa foi et son humanisme. Il est néanmoins très répétitif dans son propos et a une vision un peu évangélique malgré le fait qu'il s'en défende.

Quelques idées relèvent tout simplement du bon sens, même s'il ne peut s'en attribuer la paternité.  Comme cette métaphore qui a fait jaser :" En France, on apprend à trier les déchets mais on ne trie pas les détenus d'une même cellule". Effectivement, ce serait une bonne idée, tout comme le fait de renvoyer dans les établissements pour peine directement ceux dont l'instruction est terminée ou ceux qui sont définitivement condamnés ou en attente  de l'appel ou de la cassation.  On s'en doute, si ça ne se fait pas actuellement c'est que le coût doit être astronomique, et en cette période de crise, tout ce qui relève du milieu carcéral passe en second plan...

Je ne sais pas si ça se fait, mais pourquoi ne pas obliger les détenus à laver correctement leurs cellules tous les jours? Après tout les immondices qui s'y trouvent ne proviennent que d'eux! Ils se plaignent de la saleté des cellules, mais elles ne se salissent pas toutes seules! Dès lors qu'ils ont un lit et des sanitaires corrects c'est à eux de se prendre en charge! Ils sont déjà une charge bien assez lourde pour la société! 

Ce ne sont pas des animaux mais des êtres humains, certes, alors qu'ils se comportent aussi comme tel s'ils veulent être respectés!

Quant à instituer la gratuité des télévisions dans les cellules, est-ce une blague? Pourquoi ne pas les obliger à lire plutôt? Au Brésil, on a instauré un système que je trouve remarquable, ceux qui lisent voient leur peine diminuée!!

Cela diminuera l'oisiveté de certains, et qui sait si cela ne suscitera pas des vocations, ou du moins une remise en cause profonde?

Comments

[bruno des baumettes]

bonjour,J'ai tenu un journal que j'ai mis en ligne : brunodesbaumettes.overblog.com , afin de témoigner de la vie d'un détenu. Ce journal n'est ni une 'confession', ni une 'mise en
accusation', c'est seulement la transcription d'un quotidien, dans un quartier particulier d'une prison... particulière.
peut-être cette écriture pourrait vous intéresser ?
salutations B

[Songes-litteraires]

Merci pour votre lien, c'est effectivement très intéressant à lire.