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Le blog de songes-litteraires

Le blog de songes-litteraires

Un blog où je parle essentiellement de mes impressions littéraires...


Equador, Miguel Sousa Tavares

Publié par Songes-litteraires sur 16 Décembre 2008, 22:46pm

Catégories : #Littérature étrangère

Equador, de Miguel Sousa Tavares







Quatrième de couverture :

 

Luis Bernardo Valença, un brillant mondain lisbonnais, est convoqué par le roi Don Carlos. Ce dernier, sous la pression des Britanniques, le charge de mettre fin au travail forcé dans les plantations de cacao de Sao Tomé et Principe. Lourde tâche pour un dandy accoutumé à boire du champagne dans les escarpins des dames! Dans l' archipel du Golfe de Guinée, les colons l' attendent de pied ferme...

 

" C' est une nuit vraiment particulière. J' ai rendez-vous avec le destin et c' est toi qui vas m' y mener."

 

 

Miguel Sousa Tavares est l' un des journalistes les plus connus de la presse portugaise. Il est l' auteur de documents, de chroniques politiques et de contes pour enfants. Equador est son premier roman.

 

"Miguel Sousa Tavares nous entraîne en plein coeur des rivalités coloniales. ça va barder sous les tropiques!"  Le figaro


Traduit du portugais par Geneviève Leibrich
Prix Grinzane Cavour 2006 ( Italie )


Mon avis :



A l' aube du XXème siècle, en décembre 1905, Valença, un esprit de son temps, libéral, vaguement monarchique fut convoqué par sa majesté le roi Don carlos.  Celui-ci entendit lui confier une mission épineuse, celle de devenir pour un mandat de trois ans le gouverneur des îles de Sao Tomé et Principe, la célèbre " île chocolat ".  Ses articles très remarqués sur la nécessité de réformer les vicissitudes coloniales et de mettre en oeuvre une politique de colonisation moderne, avec pour objectif, d' apporter la civilisation avaient courrut le pays, et étaient arrivés aux oreilles du Roi; qui distinguait en lui l' homme nécessaire pour cette tâche.
En effet, le Roi était sous pression de tous côtés : au plan interne le pays traversait alors une grave crise politique et institutionnelle, divisé entre le gouvernement républicain et une autorité royale amoindrie, minée, dénigrée... Au plan international, certaines puissances jouaient de leur influence stratégique pour affaiblir l' autorité portugaise sur ses colonies et en tirer clairement un avantage.

L' urgence s' imposait  : les anglais lui avaient clairement lancé un ultimatum. Si il était prouvé que l' économie locale de Sao Tomé et Principe fondée principalement sur les cultures du cacao et du café, reposait  sur une main d' oeuvre esclave en provenance d' Angola, alors ils estimaient que c' était une concurrence déloyale par rapport aux produits de colonies britanniques et par conséquent ils appeleraient au boycottage de ces mêmes produits.
Pour se faire, et en toute légitimité par rapport à des accords conclus dans le passé entre ces deux pays, les Britanniques disposaient  de toutes les facultés pour mener à bien leurs contrôles. Ils  décidèrent  à cet effet d' envoyer un consul anglais résident, sur le terrain pour vérifier les conditions de travail et de vie des travailleurs, en vue de rédiger un rapport final... Au nom de son pays, et pour servir son Roi Luis Bernardo accepta de s' embarquer dans cette folle aventure.

La mission de Valença, fut dès lors, ni plus ni moins de convaincre ce consul durant son séjour que le Portugal ne pratiquait plus l' esclavagisme depuis longtemps, était respectueux des accords internationaux conclus, veillait au bien-être de ces citoyens portugais en Afrique.  Mais la situation était inextricable, entre théories juridiques et officielles, et réalités sur le terrain ...
Sa tâche aurait peut- être été plus simple s' il n' avait pas rencontré de résistances locales de la part des notables, des administrateurs des plantations, qui voyaient en lui un blanc-bec, un petit lisbonnais prétentieux, avec de grands airs de docteur... qui prônait des idées révolutionnaires, mais qui ne connaissait rien à la réalité locale; aux nécessités d' utiliser la crique et le fouet pour faire travailler ces "animaux", pour donner du rendement aux grands propriétaires terriens qui foulaient rarement leur domaines, et aux coffres de l' Etat.

Guidé par son intuition, son intelligence, ses convictions, son humanisme, il se donnera corps et âme pour changer les mentalités ...
" Un esprit libéral quoique sceptique, tel que le sien, repensait soudain à la phrase d' adieu prononcée par l' administrateur du domaine de Porto Alegre , le premier qu' il eût visité : c' est Dieu qui a crée le monde et pas les hommes. C' est lui qui a crée les riches et les pauvres, les Noirs et les Blancs, et il n' appartient pas aux hommes de modifier certaines choses dans l' oeuvre divine. Effectivement certaines choses ne pourront jamais être changées. Mais aussi, comme avait dit à l' Assemblée nationale française son idole, Victor Hugo : "Je déclare qu' il y aura toujours des malheureux, mais qu' il est possible de faire en sorte qu' il n' y ait plus de miséreux."

A certains moments il m' a fait pensé au personnage d' Atticus Finch dans Ne tirez pas sur l' oiseau moqueur...

Entre intrigues, complots, rivalités, passions dévorantes, loyautés, haines, hostilités, méfiances, mensonges, amitiés éphémères, arguments pseudo-juridiques, mauvaise foi, intérêts cachés de part et d' autre, amours fugaces, plages de sable fin, cocotiers, faune et flores luxuriantes, climat d' humidité quasi-permanent,  il y aura de l' agitation sous l' Equateur!

Valença réussira-t-il à mener sa mission à bien? Que lui réservera le destin?  A quel sort sera livrée cette colonie? L' Empire colonial pluri-séculaire survivra-t-il?


J' ai adoré ce livre qui m' a totalement embarqué vers ces îles paradisiaques! Des descriptions absolument somptueuses qui font rêver! De plus qui retrace fidèlement un pan de l' histoire  coloniale portugaise, son effritement au profit d' autres puissances, le déclin d' un pays qui n' avait pratiquement plus de voix sur la scène politique internationale, alors que jadis il se partageait le monde avec sa rivale et soeur l' Espagne!
C' est un roman, qui s' encadre parfaitement dans l' histoire de l' époque, certains personnages sont bien réels.
J' ai beaucoup apprécié le thème, qui m' a donné envie de faire des recherches pour en savoir plus. Il faut savoir qu' avant la Première Guerre Mondiale et déjà à la fin du XIXème siècle, l' Angleterre et l' Allemagne avaient négocié  en secret le partage  de l' Empire portugais! A cette époque, le Portugal comptait encore sous son giron les îles du Cap-Vert, la Guinée portugaise ( Guinée Bissau ),  Sao Tomé et Principe, L' angola, Cabinda,  le Mozambique,  Goa en Inde, Macao en Chine, le Timor oriental...


Un thème qui me touche beaucoup car la question coloniale, ou plutôt la " décolonisation "  a affecté ma famille. En effet, il faut savoir que cette colonie comme d' autres n' est devenue indépendante qu' après la révolution des oeillets au Portugal.
Or dans la décennie 70, le Portugal était justement en guerre contre ses colonies qui luttaient pour leur indépendance, et j' ai une personne de ma famille  du côté paternel  qui a combattu en Guinée-Bissau et qui est mort là-bas en 1974. Du côté de ma mère j' ai aussi un cousin qui lui a combattu en Angola à la même époque et qui est toujours vivant.


Si un jour vous faites un voyage à Lisbonne, vous visiterez assurément la Tour de Belém classée au patrimoine mondial de l' Unesco; à cinquante mètres environ  sur le côté vous pourrez apercevoir un monument d' hommage aux ex-combattants d' Outremer, avec des plaques sur les murs gravées avec  tous les noms de soldats morts sur tous les fronts. Ce membre de ma famille que j' ai évoqué y est bien évidemment inscrit.



A noter enfin, concernant ce livre, qu' il a connu sa petite polémique. En effet il a été un  succès de librairie, mais l' auteur a été accusé de plagiat! Un blog portugais, a en effet insinué que l' auteur avait subrepticement fait usage de passages de l' oeuvre  " Cette nuit la liberté" de Dominique Lapierre et Larry Collins. En tout cas, ça m' aura donné envie de le lire aussi!
C' est bien dommage ce doute qui plane, car je trouve  ce livre vraiment excellent, et  j' apprécie beaucoup l' auteur dans sa casquette journalistique. J' ai du mal à imaginer un homme aussi intelligent faire une chose pareille. Il est très réputé là- bas, pour ces commentaires politiques  à la télé, et je suis en admiration chaque fois que je l' écoute!  La "réputation" ne fait pas le sérieux c' est sûr, mais en étant avocat, journaliste, connu de tous, aurait- il pris un tel risque incensé? D' autant plus qu' il n' a rien a y gagner! Il descend d' une vieille famille aristocratique de Porto, donc  financièrement aisé, et sa mère elle même était une fameuse poétesse décédée récemment...  Rien de mieux que de se faire sa propre opinion! Je remarque tout de même que cette oeuvre de Lapierre et Collins est inscrite dans sa bibliographie. Et dans ses remerciements il laisse une très belle phrase :

" Francisco Xavier Montero dont la passion ancienne pour S. Tomé et Principe m' a insufflé l' envie de connaître ces îles et dont, un livre donné en cadeau il y a plusieurs années m' a inspiré cette histoire. C' est la preuve que l' on offre pas en vain un livre à un ami."


Et lui m' aura donné l' envie de visiter ces îles un jour! Car les photos qu' on peut voir sur le net sont à couper le souffle! Un jour peut- être...

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D
<br /> Iles paradisiaques ??<br /> <br /> Quel énorme contre-sens. Je viens de finir le livre et ces iles y sont décrites comme un enfer sur Terre. Aujourd'hui, on ne peut les voir de la même manière mais quand même vous devriez respecter<br /> (et comprendre?) un peu plus le livre.<br /> J'ai aimé ce livre, j'aurais aimé lire quelques avis dessus mais tomber sur cette simple phrase dans votre blog vous discredite completement ...<br /> <br /> <br />
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O
Je confirme (plus de 4 ans après!): "Sao Tomé et Principe" est un véritable petit paradis sur Terre: paysages magnifiques, forêts luxuriantes primaires, plages désertes, patrimoine architectural colonial ; climat très supportable, peu de maladies (paludisme en grande partie éradiqué par la coopération taïwanaise), pas de malnutrition (tout pousse vite + pêche), peu de touristes, gentillesse des Santoméens... J'ai eu la chance d'y vivre 2 ans, j'en garderai toujours un souvenir nostalgique... <br /> J'avais lu "Equador" au début de mon séjour. Si Sao Tomé pouvait être comparé à un enfer il y a plus de 100 ans, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui, vous l'aurez compris...
S
<br /> <br /> Bonsoir, pour ma part je persiste et signe.  Je me réfère aux "îles paradisiaques" par rapport à la faune et la flore sauvages que décrit l' auteur et qui n' a certainement pas beaucoup<br /> évolué...  Cherchez des images de Sao Tomé et imaginez...<br /> <br /> <br /> Ces îles y sont décrites comme un enfer sur Terre, peut- être bien que oui ...mais pas dans la même perspective que ce dont je parlais. Les conditions de vie étaient très difficiles à cause d'<br /> une grande humidité notamment, les maladies qui survenaient facilement, et puis évidemment la dure condition des esclaves.  <br /> <br /> <br /> Pour ma part avec cette expression, je soulignais uniquement la beauté des paysage alors je vous  retourne la remarque et vous demande de bien vouloir me respecter et<br /> éventuellement me comprendre.<br /> <br /> <br /> Discréditée mais en quoi s' il vous plait? Et puis au fond que voulez-vous que ça me fasse qu' un(e) inconnu(e) trouve que je perds mon "crédit". Je ne cherche pas à obtenir de<br /> reconnaissance à travers mes avis, c' est un passe-temps comme un autre. Mon blog est peu fréquenté, c' est la preuve de sa très mauvaise qualité.  <br /> <br /> <br /> Merci pour cette tranche de rire tout de même.<br /> <br /> <br /> <br />

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